Chères licenciées, chers licenciés,
Au cœur de l’été, alors que la France faisait face à une intense période de sécheresse, je vous ai adressé un message concernant l’arrosage de nos golfs. Ce message se voulait une réponse aux attaques injustes et parfois violentes émises à l’encontre de notre sport par certains politiques. Afin que vous puissiez vous forger votre propre opinion, vos propres convictions sur ce sujet évidemment sensible, je vous ai donc donné les vrais chiffres de la consommation d’eau de nos clubs. J’ai aussi porté à votre connaissance les règles strictes qui encadrent l’arrosage des parcours en cas de crise majeure.
Alors que certains de nos territoires souffraient terriblement du manque d’eau, obligeant à des solutions extrêmes, les gestionnaires de golf se sont montrés à la hauteur. Ils ont agi en acteurs responsables et solidaires. C’est un fait indéniable. Lorsqu’il le fallait, partout en France, ils se sont attachés à préserver seulement les greens, soit 1 à 2% de la surface totale de leur golf. Les 98% restant ont pâti significativement du manque d’eau.
Parce qu’il le fallait, certains d’entre eux ont même stoppé intégralement l’arrosage. 71 de nos golfs ont été concernés. Si une partie de ces derniers ont sollicité des dérogations auprès des préfets, faisant valoir l’accord-cadre signé avec les Ministères de la transition écologique et de l’Agriculture permettant la sauvegarde des greens, ceux se situant dans des zones d’extrême tension se sont abstenus naturellement. Les médias français se sont emparés de cette polémique naissante et nous ont tous sollicités. Bien entendu, nous leur avons répondu individuellement et en toute transparence avec des données scientifiques et techniques à l’appui. La ffgolf n’a jamais refusé la discussion et ne s’est pas repliée sur elle-même. Elle ne l’a pas fait parce qu’elle n’avait aucune raison de le faire.
Si le golf a encore des progrès à réaliser et doit accélérer sa transition écologique, il n’a pas à avoir honte ni à se cacher. En deux décennies, les golfs ont déjà réduit de 40% leur consommation d’eau, avec souvent à la clef des investissements très significatifs. Et la filière est en mouvement. Sur notre site internet et nos réseaux sociaux, très régulièrement nous mettons en lumière les engagements de nos golfs sur ce volet et sur bien d’autres encore. Je pense notamment à la préservation et la restauration de la biodiversité pour lesquelles les golfs jouent un rôle reconnu, notamment des experts du Muséum National d’Histoire naturelle et de l’Office National de la Biodiversité avec qui nous collaborons activement.
Le golf ne s’est pas caché
Le golf ne s’est pas caché aussi parce qu’il fait du bien à la planète, comme à de nombreux français. Nos détracteurs feraient bien de s’y intéresser.
Savent-ils que les terrains de golf sont des remparts à l’urbanisation excessive, comme c’est notamment le cas dans différentes zones particulièrement denses démographiquement ? Non.
Savent-ils que les terrains de golf permettent de lutter contre l’artificialisation des sols ? Non.
Savent-ils que les terrains de golf sont des barrières coupe-feu, comme ils l’ont prouvé à de nombreuses reprises en différents lieux au cours de la période récente ? Non.
Savent-ils que les gazons des golfs sont des puits de captation carbone, tout comme les forêts et végétaux qui les bordent dans la majorité des situations ? Non.
Savent-ils encore que les espaces golfiques sont des îlots de fraicheur en cas de canicule ? Non.
Ils ne savent rien de tout cela.
Comme ils ignorent ou font semblant d’ignorer que le golf n’est pas un sport réservé à des privilégiés. Il est même devenu, en France, en 2021, le 4e sport en nombre de licenciés derrière le football, le tennis et l’équitation. Et c’est bien la conjugaison de cette double ignorance qui les amène à prononcer des mots irresponsables et fortement néfastes à notre sport. C’est en ignorant cette réalité que nos contempteurs se sont précipités sur des chiffres erronés pour lancer leurs attaques. La consommation d’eau annoncée de nos terrains était 36,5 fois supérieure à la moyenne nationale réelle, se référant délibérément à un rapport parlementaire obsolète, contredit depuis, par deux rapports plus récents, aussi sérieux que professionnels.
L’ignorance fait mal. Elle fait mal à nos gestionnaires qui emploient chaque jour un total de 15 000 salariés et tentent de faire prospérer leur activité comme toute entreprise française et d’en assurer la survie lorsqu’ils doivent composer avec des éléments contraires. Elle fait mal à une filière qui n’a pas attendu l’été 2022 pour accélérer sa transition écologique.
C’est pourquoi j’invite les politiques et tous ceux qui nous ont ciblés, à la retenue et à la modération. A l’analyse, plutôt qu’à l’invective. Ils font face eux aussi à des problématiques qui appellent des réponses. Christophe Bechu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, rappelait récemment qu’un milliard de m3 d’eau potable est perdu chaque année en raison de fuites sur les réseaux vieillissants de nos communes.
Malgré tout, ce n’est pas parce que nous croyons ces attaques injustes que le golf n’a rien de plus à entreprendre en matière de gestion de l’eau. Le changement climatique, la raréfaction des ressources et la perspective du durcissement légitime de la réglementation nous obligent à faire davantage. Nos gestionnaires en sont pleinement conscients. Et soyez assurés qu’ils sauront, sous l’impulsion et avec le soutien de la Fédération, relever ce défi immense.
Des solutions, encore et toujours
Des solutions existent. Certaines sont à notre portée. Je pense notamment à :
- la constitution de réserves d’eaux pluviales : bassins de rétention, bassins versants…
- la rénovation des systèmes d’irrigation : éradication des fuites, système d’arrosage sélectif et économe et adoption de nouvelles technologies.
- l’utilisation des graminées moins consommatrices d’eau et résistantes au stress hydrique ainsi qu’aux maladies.
- l’utilisation de tous les moyens efficaces pour limiter l’évaporation sur les plans d’eau.
Ce ne sont pas les seules solutions. Il en existe d’autres mais elles ne dépendent pas que de nous. Une évolution de la législation s’avère nécessaire dans bien des cas. Je pense principalement à l’utilisation des eaux usées traitées pour arroser. Ce qui se passe chez une partie de nos voisins doit nous inspirer. Le cas de l’Espagne m’interpelle. Il y pleut beaucoup moins qu’en France. Pourtant, l’impact de la sécheresse est moindre grâce au recyclage notamment. Chez nos voisins, 14% des eaux usées sont retraitées contre moins de 1% en France. Leur agriculture et leurs golfs ne manquent ainsi pas d’eau.
Il n’y a pas de hasard. Si j’ai fait de la transition écologique un des trois piliers du projet que je porte, avec les membres du comité directeur, pour le golf français, c’est parce que cette question est déterminante pour l’avenir du golf. Jérôme Paris, ancien vice-président de la ffgolf, l’avait clairement énoncé aux débuts des années 2000 lorsqu’il avait engagé la Fédération française de golf dans cette dynamique. L’urgence, nous la connaissons. Les enjeux, nous les connaissons. Nous agissons déjà et allons poursuivre nos efforts.
Soyez pleinement assurés de notre total engagement. Avec les équipes de la Fédération, nous travaillons sans relâche pour faire valoir nos arguments en faveur d’un développement de notre sport compatible avec les enjeux écologiques. Notre détermination est sans faille. Je compte sur vous tous également pour être derrière vos clubs et les soutenir dans cette transition écologique, dont nous devons tous être les acteurs. Dans cet objectif, il nous faudra faire évoluer notre regard et nos pratiques, pour préserver notre bien commun, la planète.
Pascal Grizot, président de la ffgolf